mercredi 1 juin 2016

The Easter Offensive Vietnam 1972 - Interview d'Albert Grandolini





Albert Grandolini est enseignant et exerce dans un lycée de la région parisienne. Ses centres d'intérêt sont principalement liés aux conflits contemporains et à l’ère Asie Pacifique, mais il ne délaisse pas pour autant d’autres période. Auteur de plusieurs ouvrages sur la guerre du Vietnam, il collabore à différents magazines spécialisés en histoire militaire (Tank Zone, Batailles et Blindés) et d’histoire aéronautique (Fana de l’aviation, Air Enthusiast, Air International, Flieger Revue Extra). Il contribue par ailleurs au site Air Combat Information Group (ACIG) et à ce blog. A la suite de la parution en 2015 chez Helion and Company de ses deux volumes sur l'offensive de la Pâques en 1972, il a bien voulu répondre à nos questions sur cette période cruciale de l'histoire militaire vietnamienne.

Propos recueillis par Adrien Fontanellaz







Pouvez-vous nous éclairer sur le contexte à l’origine de l’offensive nord-vietnamienne de 1972. Quels étaient les objectifs de celle-ci ?


Ils s’élaborent à la lumière de l’échec de l’offensive du Têt de 1968 où les communistes ont subi de très lourdes pertes, près de 100 000 homes. Elles sont accentuées par les violents combats de l’année 1969 et les coups portés à l’appareil politico-administratif du Viet Cong consécutif à la brutale opération Phoenix pilotée par la CIA : entre 26 000 et 41 000 militants furent éliminés. Le Viet Cong n’aligne plus qu’environ 30 000 combattants. Le sacrifice n’a pas été vain cependant car il a enrayé le processus d’escalade et de renforcement des forces américaines. Après le Têt, Washington suspend les bombardements du Nord Vietnam et des négociations s’ouvrent à Paris entre les belligérants.

L’autre facteur important concerne la résilience des autorités sud vietnamiennes et surtout de l’Armée de la République du Vietnam (ARVN). Les communistes misaient sur son effondrement et le « soulèvement » de la population des villes. Malgré ses déficiences en termes d’organisation et le factionnalisme de ses chefs, elle a réagi avec vigueur et souvent combattu avec acharnement comme à Hué ou bien à Cho Lon, le quartier chinois de Saigon. La pacification des campagnes a aussi fait beaucoup de progrès, appuyée sur une première réforme agraire qui malgré ses objectifs limités répond à une des principales demandes du monde rural.

Mais ce sursaut de la part des nationalistes vietnamiens arrive bien tard car la nouvelle administration américaine du Président Richard Nixon est décidée de sortir au plus vite de cette impasse stratégique. Car même si tactiquement la situation s’améliore sur le terrain, tant qu’Hanoi continuera d’envoyer ses forces au Sud, le conflit perdurera. Or, sur le plan budgétaire le fardeau de la guerre est de plus en plus difficile à supporter alors qu’économiquement les États Unis sont au bord de la récession. Le mouvement anti-guerre qui cristallise aussi les revendications sociales, raciales et sociétales se transforme en une crise politique. Washington tente alors un plan de relance et décide de mettre fin au système monétaire de l’étalon-or et initie des réformes sur l’égalité des droits civiques. Aux couts matériels de la guerre s’ajoute celui de la désagrégation morale du corps expéditionnaire sur le terrain. Les tensions raciales, les désertions, les refus d’obéissances et le meurtre d’officiers par leurs hommes sèment le désarroi au sein de l’institution militaire qui craint que la gangrène ne gagne toutes les forces armées.

Nixon cherche alors une sortie par le haut du conflit en limitant l’intervention au sol de ses troupes. C’est une vielle idée, déjà exprimée dans la doctrine de l’administration Eisenhower du « New Look » à l’issue de la Guerre de Corée et quand le Pentagone se posait déjà la question s’il fallait engager des troupes américaines en Indochine. Washington se contenterait de fournir un soutien logistique et surtout un appui aérien à ses alliés. Le relais doit donc être passé aux Sud Vietnamiens dans le cadre de la « Vietnamisation » de la guerre. A eux de prendre en charge à la fois la pacification, tâche principale qui leur a été dévolue depuis l’intervention américaine, et les opérations contre les unités régulières nord vietnamiennes. Un processus complexe et qui devait s’étaler au moins jusqu’à vers 1975 - 1977.

Mais le temps presse et Washington accélère son retrait. Le nombre de troupes au Sud Vietnam passe de 400 000 hommes en 1969 à 69 000 en mars 1972, principalement dans la logistique et l’aviation. On confie même aux Sud Vietnamiens les incursions contre les sanctuaires communistes au Cambodge et au Laos, avec des résultats mitigés. Début 1972, il n’y a pratiquement plus de troupes américaines au sol. Parallèlement, sur le plan diplomatique, les Américains tentent de débloquer les négociations de paix à Paris. Ils entament des rencontres secrètes avec les représentants nord vietnamiens sans en aviser leurs alliés sud vietnamiens. Nixon engage aussi des négociations avec Moscou dans un premier épisode de détente dans la Guerre Froide à propos de la limitation des armements stratégiques. Mais surtout, grâce à la diplomatie parallèle d’Henri Kissinger, Nixon rend visite à Mao Tse Toung à Pékin le 21 février 1972, reconnaissant de facto le régime communiste chinois. Washington espère que les parrains du régime de Hanoi, chinois et soviétiques, puissent infléchir ses dirigeants.

Cependant c’est faire peu de cas de l’indépendance de la direction nord vietnamienne vis-à-vis des « grands frères communistes ». Elle a toujours joué Moscou contre Pékin, même au plus fort de la crise opposant les deux géants du communisme, pour mieux obtenir leurs aides dans une surenchère de celui qui soutiendra le plus le pays considéré alors le plus en pointe dans la lutte contre « l’impérialisme ». Un jeu subtil et parfois dangereux afin de ne pas s’aliéner l’une des deux puissances communistes et qui atteint désormais ses limites.

Le Politburo à Hanoi et le Général Vo Nguyen Giap savent néanmoins que le temps leur est compté. Le retournement de la position chinoise inquiète. Certains parlent même d’un coup de poignard dans le dos. Jusqu’à quand peuvent-ils compter sur l’aide de Pékin ?

Les Nord Vietnamiens décident alors le tout pour le tout. Ils planifient une grande offensive contre le Sud en engageant leurs forces régulières motorisées, soutenues pour la première fois par des centaines de chars. Sur le plan militaire, c’est alors la plus importante campagne du conflit. L’objectif est de détruire l’armée sud vietnamienne avant le terme du processus de « Vietnamisation », d’occuper le plus de territoire possible, de faire dérailler les progrès de la pacification et d’apparaitre en position de force lors des négociations. Le moment semble propice car il n’y a pratiquement plus de troupes terrestres américaines. Washington réagira probablement par un surcroit de support aérien et peut-être une nouvelle campagne de bombardement contre le Nord. Mais ses dirigeants estiment être en mesure d’y faire face.

La guerre du Vietnam est encore largement perçue comme essentiellement une guerre de guérilla. Quelles furent les moyens engagés par l’armée populaire du Vietnam (APVN) et comment celle-ci était-elle structurée ?

Traditionnellement, elle est structurée selon trois niveaux de forces, fondement de l’organisation et de la doctrine d’emploi de l’APVN ; les forces locales organisées en milices, les forces régionales regroupées en bataillons et régiments, en tout 2 millions de combattants, et les forces régulières, plus de 530 000 hommes. Pour une population totale de 14 millions, cette organisation implique une très forte militarisation de la société et fait pratiquement de chaque citoyen, homme ou femme, un combattant mobilisable. Sur le plan défensif, elle vise à épuiser un ennemi qui chercherait à occuper le territoire national par des actions de guérilla, puis à le repousser en mobilisant les divisions des troupes régulières. Ce modèle d’organisation a été reproduit au Sud Vietnam où le Viet Cong jouait peu ou prou le rôle dévolu aux forces locales tandis que des divisions nord vietnamiennes étaient chargées d’affronter le gros des forces américaines.

Sur le plan doctrinal, depuis sa fondation sous l’égide du général Giap, l’APVN identifie d’abord une phase de « défense stratégique » face à un adversaire supérieur militairement en l’entrainant dans une guerre d’usure. Ensuite, une phase « d’équilibre stratégique » doit être recherché contre un ennemi usé par l’opiniâtreté de la résistance. Il s’agit alors de déterminer le moment stratégique opportun pour ravir l’initiative et lancer la troisième phase de la guerre, la « contre-offensive stratégique », en mobilisant avant tout le gros du corps de bataille régulier.

Dès sa fondation en 1945, l’APVN chercha à se doter d’un corps de bataille régulier moderne. Il a fallu pourtant attendre la fin de la guerre d’Indochine pour qu’elle puisse réellement mettre en œuvre un corps de bataille régulier qui fut mobilisé tout entier à Dien Bien Phu. Depuis, l’intervention américaine l’a obligée à envoyer ses unités régulières au Sud sous forme de grosses formations d’infanterie qui ressemblent beaucoup à celles engagées au Tonkin en 1954 contre les Français.

Néanmoins, l’effort de modernisation n’a pas pour autant était abandonné. Dès le début des années 1960, les Nord Vietnamiens mettent sur pied des divisions motorisées et développent un corps blindé. Mais beaucoup de ressources sont ensuite allouées au profit du Commandement de la Défense Anti-aérienne et les services logistiques. La fin de l’opération Rolling Thunder, les bombardements de l’aviation américaine contre le Nord, en octobre 1968 offre le répit nécessaire. Giap s’attèle particulièrement à développer ses unités blindées destinées à être le fer de lance de la nouvelle offensive. Grâce à l’aide russe et chinoise, Hanoi aligne aux environs de 750 chars et canons d’assauts au début de 1972. Ils sont regroupés en 16 bataillons et 4 régiments blindés destinés à appuyer les 16 divisions motorisées du nouveau corps de bataille régulier. Les chars sont engagés de façon décisive dès 1971 lorsqu’opérant au sein d’un corps d’armée mis sur pied dans ce but, ils repoussent les divisons sud vietnamiennes engagées au sud Laos.

Les forces nord vietnamiennes qui s’apprêtent à participer à l’offensive Nguyen Hue, du nom d’un empereur qui repoussa au 18ème siècle une invasion chinoise, sont donc loin d’être des troupes de guérilla mais une force mécanisée moderne. Pour contrer la supériorité aérienne de l’ennemi, les divisions de Hanoi disposent d’une nombreuse DCA dont des missiles SAM-2 et SAM-7.

Néanmoins, pris lui aussi par le temps, Giap n’a pas pu parfaire l’entrainement de ses nouvelles unités. Certaines divisons engagées au Sud ont été rappelées pour se réorganiser. D’autres n’ont été que partiellement modernisées dans leurs sanctuaires cambodgiens et laotiens. Surtout, beaucoup d’officiers n’ont aucune expérience des opérations combinées à grande échelle. La coordination infanterie-tank va en souffrir.






Quel était l’état des forces sud-vietnamiennes, souvient décriées comme corrompues et inefficaces ?

Elles sont l’héritière de l’Armée Nationale Vietnamienne mise sur pied vers la fin du premier conflit indochinois sous l’égide des forces françaises. Elles regroupaient des anciennes troupes coloniales, diverses milices confessionnelles (catholiques, sectes Hoa Hao et Cao Dai), et des militants nationalistes qui avaient dans un premier temps rejoints le Viet Minh. Une armée qui fut restructurée par les Américains et en grande partie réorganisée pour faire face à une menace conventionnelle. Pourtant à partir de 1959 c’est à une vaste campagne de guérilla soutenue par le Nord Vietnam qu’elle doit faire face. La Garde Nationale en charge de la pacification est vite débordée et l’ARVN doit s’impliquer directement dans les opérations. La guerre tourne au désavantage des Sud Vietnamiens divisés entre eux depuis le renversement du président Ngo Dinh Diem. Les coups d’états se succèdent et l’ARVN est au bord de l’implosion. Les communistes en profitent et passent à l’offensive, leurs forces sont désormais organisées en régiments et divisions d’infanterie. Seule l’intervention des troupes américaines permet de stabiliser la situation. A partir de 1965, on assiste à une véritable « américanisation » de la guerre car l’ARVN est reléguée aux tâches de pacification considérées comme secondaires. Les Américains ne font pas confiance à une institution très politisée qui de facto a remplacé le pouvoir civil. La gestion directe du pays par les militaires et leurs implications dans les affaires économiques génèrent corruptions et népotisme. Ils s’en méfient tellement qu’il n’y a pas de commandement commun entre Américains et Sud Vietnamiens, nuisant à l’unicité de l’effort de guerre.  

Le nouvel homme fort du Sud Vietnam, le Général Nguyen Van Thieu a au moins le mérite de stabiliser la situation politique et de reprendre en main son armée. Néanmoins, cela se fait au profit d’une coterie d’officiers choisis plus pour leur loyalisme que pour leurs compétences. Thieu gère les affaires militaires directement avec chacun de ses quatre commandants de corps d’armées, jaloux de leurs prérogatives et qui gèrent leurs zones opérationnelles comme des fiefs. La coopération entre eux est parfois difficile et les opérations regroupant plusieurs corps d’armées demeurent l’exception plutôt que la règle. Le chef d’état-major interarmes a peu de pouvoir et s’occupe principalement de la gestion administrative et de la logistique.

Avec la Vietnamisation, l’ARVN subit un changement de paradigme et doit désormais prendre à sa charge le gros des opérations militaires. Elle subit une expansion forcenée et une modernisation accélérée afin de remplacer les unités terrestres américaines. Il est d’abord prévu d’étaler dans le temps cet effort gigantesque qui porte les effectifs à 1 100 000 hommes pour une population totale de 19 millions d’habitants. Mais cet agenda fut bouleversé par le retrait accéléré des troupes américaines. Début 1972 Nixon estima que l’ARVN était devenue autonome et qu’elle n’aurait plus besoin du soutien de troupes terrestres américaines. Même si contrer l’APVN est devenu la mission essentielle, la pacification n’en reste pas moins une mission très importante qui mobilise plus de la moitié des effectifs au sein des Forces Régionales, organisées en bataillons avec leurs batteries d’artilleries de soutien, et des Forces Populaires, organisées en compagnies. Les forces régulières (535 000 hommes) sont organisées en 11 divisions d’infanterie motorisées, une division aéroportée et une division de Marine, ces deux dernières unités constituant la réserve stratégique. Le corps blindé dispose de 19 escadrons de cavalerie et un escadron de char dotés de 450 chars et 1 200 VTT M 113. Chaque division d’infanterie se voit attaché un escadron de cavalerie de 17 chars M41 et 66 M113. A tout cela s’ajoute encore près de 500 000 hommes des Forces Populaires d’Auto-Défense, des miliciens à mi-temps gardant leurs villages et dotés d’armes obsolètes datant de la Seconde Guerre Mondiale.

La qualité de l’encadrement des unités demeure inégale, le pire côtoyant le meilleur. Le taux de désertion demeure important, près de 13% des effectifs, mais il faut relativiser ce chiffre car beaucoup de ces déserteurs se réengagent auprès des forces régionales proches de chez eux. Beaucoup aussi désertent lors des moissons pour venir en aide à leurs familles avant de se représenter auprès de leurs unités. Le moral de la troupe demeure fragile mais peu à peu une véritable conscience nationale se fait jour, surtout depuis que l’adversaire est majoritairement constitué de nord vietnamiens. Il est vrai que le régime de Thieu cultive les particularismes culturels propres au Sud, un état de fait ancré dans l’histoire tourmentée du pays où pendant plusieurs siècles il fut déjà séparé en deux le long d’une ligne frontière proche de l’actuelle Zone Démilitarisé (DMZ). Curieusement, ce nationalisme sudiste est renforcé par un groupe d’ultra, réfugiés du Tonkin forcés de venir au Sud après la partition du pays en 1954. Pour eux, tout doit être fait pour abattre le régime communiste d’Hanoi pour pouvoir rentrer chez eux. Lorsqu’il est bien encadré, le soldat sud vietnamien fait preuve d’autant de courage et d’abnégation que son adversaire du Nord. Certains officiers supérieurs américains estiment d’ailleurs certaines unités d’élite, comme les parachutistes, les Marines ou encore ceux de la 1er Division, comme étant parmi les meilleures du monde.

On accéléra aussi la modernisation et l’expansion de l’aviation sud vietnamienne qui vers la fin de 1971 alignait plus de 1 400 appareils servis par 42 000 hommes. C’est une force professionnelle bien entrainée. A cette date, elle assurait déjà les deux-tiers des missions d’appui de l’ARVN mais qui de par son équipement et sa doctrine d’emploi ne lui permet pas de mener une campagne d’interdiction efficace de la logistique ennemie au-dessus de la Piste Ho Chi Minh et encore moins d’intervenir contre ses bases arrières au Nord Vietnam. La marine opère près de 1700 bâtiments, principalement des unités côtières et fluviales héritées des flottilles des « eaux brunes » de l’US Navy, et mis en œuvre par 43 000 marins.

Quelle était l’étendue du soutien américain prodigué au Sud-Vietnam à ce moment ?

Du point de vue logistique, Saigon dépend entièrement des Américains qui arment ses forces armées et assurent leurs fonctionnements. D’un point de vue opérationnelle, les Sud Vietnamiens continuent de bénéficier d’un encadrement d’équipes de conseillers, de l’état-major aux unités sur le terrain. Néanmoins, même dans ce dernier domaine, le retrait accéléré des forces armées américaines s’est traduit par une diminution du nombre de conseillers, passant de 11 000 en 1969 à 5 400 en 1972. A part la division de Marine et la division Aéroportée, réserves stratégiques de l’ARVN, qui bénéficient de la présence de conseillers jusqu’au niveau du bataillon, les autres formations n’en disposent plus qu’à l’échelle divisionnaire et du corps d’armée. Chaque chef de province sud vietnamien, généralement un colonel en charge des forces régionales et locales, est aussi suppléé par une équipe de conseillers US en charge de la pacification.

Pour clarifier les responsabilités, chaque conseiller américain est en théorie d’un grade inférieur à l’officier sud vietnamien auquel il est attaché. C’est une fonction éminemment politique qui requiert des compétences à la fois militaires mais aussi « diplomatique » tout en tenant compte des différences dans le domaine professionnel aussi bien que culturel. Or, en cette phase de désengagement américain, la qualité des conseillers tend à se dégrader. L’état-major s’efforce d’y affecter des officiers expérimentés mais leur implication est inégale. Beaucoup partage la même vision condescendante qu’exprime en général leurs concitoyens sur leurs alliés. S’attendant à retrouver une organisation calquée sur l’US Army, ils découvrent une institution de pays du tiers-monde avec ses faiblesses et des codes sociaux souvent incompréhensibles. La barrière de la langue n’aide pas non plus à approfondir les relations entre alliés. Aux critiques de manque de professionnalisme des uns, répondent les reproches de manque d’expériences au combat des autres. Beaucoup d’officiers de l’ARVN combattent depuis des années, certains officiers supérieurs depuis la première guerre d’Indochine, alors que leurs conseillers se contentent généralement d’un tour de service de six mois qui ne leur laisse pas le temps de bien connaitre leurs unités. Par conséquent, le conseiller se cantonne souvent au rôle de logisticien et de coordination de l’appui aérien américain où son expertise est appréciée.

Durant toute la campagne, les Américains vont poursuivre leur programme de renforcement de l’ARVN tout en compensant les pertes subies lors des combats. Matériels, équipements et munitions ne manqueront pas aux Sud Vietnamiens car un effondrement des forces de Saigon signerait l’échec de la politique de Vietnamisation de Nixon.
 
Pourriez-vous nous décrire les opérations menées le long de la DMZ, soit la frontière entre Nord et Sud-Vietnam, ainsi que celles lancées depuis la frontière cambodgienne ?

Comme à son habitude, Giap prend un soin particulier pour la préparation logistique de son offensive. C’est jusqu’à présent son plus grand défi dans ce domaine car il doit soutenir une douzaine de divisions lancées sur trois théâtres d’opération très éloignés les uns des autres. Il a en effet souvent multiplié les opérations de diversion au cours de ses campagnes dans le but de fixer les forces adverses : lors de Dien Bien Phu, il avait multiplié les feintes vers le Laos et en Annam ; pendant l’offensive du Têt, le long de la DMZ, à Khe Sanh, avant de s’en prendre aux principales villes du Sud Vietnam. Pour des raisons à la fois militaires et politiques, il avait d’abord envisagé de porter son effort principal sur le secteur au nord de Saigon, avec des offensives secondaires à travers la DMZ et sur les hauts plateaux du centre.

C’est d’ailleurs dans ce dernier secteur que les renseignements américains et sud vietnamiens avaient envisagé une offensive limitée pour l’année 1972 et y avaient redéployé la Division Aéroportée. Mais l’ampleur de la campagne d’interdiction aérienne le long de la Piste Ho Chi Minh lui fait rapidement prendre conscience que soutenir un théâtre aussi lointain serait extrêmement difficile. Aussi, pour des raisons évidentes, il change ses plans pour faire porter l’effort principal sur le Théâtre Tri – Thien visant le secteur de Quang Tri – Hue juste au sud de la frontière entre les deux Vietnam.

La préparation logistique débute dès octobre 1971 sous la supervision du Groupe Logistique 559 en charge de la fameuse Piste Ho Chi Minh. Par celle-ci transitent aussi les unités descendues du Nord Vietnam, leurs véhicules et blindés. Malgré les attaques aériennes, les Nord Vietnamiens non seulement parviennent à déployer la plupart des divisions participant à l’offensive sur leurs positions de départ mais réussissent aussi à dissimuler leurs présences aux services de renseignement alliés grâce à des mesures de camouflages exceptionnelles et un strict contrôle des communications radio. En tout 70 000 tonnes de fournitures vont être convoyées vers le Sud. La présence d’une centaine de chars à moins de 80km de Saigon va ainsi plonger l’ARVN dans le désarroi.

L’assaut se déclenche finalement le 30 mars 1972, lundi de Pâques, contre les positions sud vietnamiennes le long de la DMZ où sont concentrés 5 divisions soutenues par plus de 250 blindés et 400 canons. Simultanément, les positions de l’ARVN sont prises de flanc par une autre division attaquant à partir du Laos. Le tout est protégé par deux divisions de défense anti-aérienne, y compris deux régiments de SAM-2 dont c’est la première apparition au Sud Vietnam. Les troupes nord vietnamiennes enfoncent les défenses de la 3e division de l’ARVN, une unité tout juste mise sur pied et pas encore pleinement opérationnelle. Les troupes sont abasourdies par l’apparition des chars communistes, des unités se débandent. Le commandant du I Corps sud vietnamien est vite dépassé par les évènements, confiant de facto la conduite de la bataille au chef de la 3e division. Il réussit à stopper les Nord Vietnamiens à Quang Tri mais n’a pas suffisamment de force pour les repousser. Au bout d’un mois pour réorganiser leurs forces et leur logistique, ceux-ci déclenchent une nouvelle offensive qui emporte le réduit sud vietnamien. Pour l’ARVN c’est un désastre, mais les communistes ont aussi subi de très lourdes pertes. Leurs divisions foncent ensuite sur Hue maintenant défendue par la division aéroportée, la 1e division et la division de Marines. Surtout, le Président sud vietnamien Nguyen Van Thieu a été obligé de remplacer le défaillant commandant du I Corps par un des meilleurs généraux sud vietnamien, Ngo Quang Truong. Il a carte blanche pour défendre à tout prix l’ancienne capitale impériale, centre culturel et historique du pays. D’urgence, l’USAF établit un pont aérien pour reconstituer les stocks de matériels et de munitions.

Durant tout l’été les Nord Vietnamiens s’épuisent contre les défenses échelonnées de la ville. A l’automne, ils renoncent et décident de consolider en profondeur leurs gains territoriaux, y massant 7 divisions. L’ARVN se heurte de plein fouet à ce dispositif lorsqu’elle repasse à l’offensive en vue de refouler les Nord Vietnamiens vers leur frontière. Une campagne méthodique qui s’étend jusqu’à vers la fin de l’année. Une avance néanmoins couteuse, dictée par les contraintes du terrain, une étroite bande côtière bornée sur son flanc ouest par la cordillère annamitique, qui favorise les défenseurs. Il laisse peu de latitude à des manouvres de débordements même si l’ARVN lance des opérations amphibies et héliportées derrière les lignes ennemies. Le général Truong va recourir à une débauche de moyens d’appui-feu pour briser les lignes ennemies successives. En plus de l’aviation, l’US Navy engage des douzaines de destroyers et croiseurs le long de la côte pour soutenir l’avance des Sud Vietnamiens. Après avoir brisé trois lignes de défense successives, les Sud Vietnamiens atteignent enfin les faubourgs de Quang Tri. Les Nord Vietnamiens s’y sont retranchés et décident d’y livrer un combat sans esprit de recul, espérant y saigner à blanc les meilleures divisons de l’ARVN. Pendant 8 semaines des combats de rue acharnés s’y déroulent. Des bataillons entiers de l’APVN disparaissent dans le chaudron. Finalement, les Marines sud vietnamiens réoccupent entièrement la ville. Une dernière offensive est lancée vers la DMZ mais la Task Force blindée sud vietnamienne qui est sur le point de déboucher sur la frontière est repoussée avec de lourdes pertes. Le cessez-le-feu, le 27 janvier 1973, fige sur place les adversaires, la partie septentrionale du Sud Vietnam est de facto géographiquement intégrée au territoire nord vietnamien.

Si l’irruption de chars nord vietnamiens à travers la DMZ a été une mauvaise surprise, la seconde phase de l’offensive de Giap va prendre complètement au dépourvu l’ARVN et ses conseillers américains. Déjouant les moyens de reconnaissance et de collecte de renseignement de ses ennemis, Giap a réussi à concentrer au Cambodge un corps d’armée soutenu par une centaine de blindés juste au nord de Saigon ! Des attaques de diversions immobilisent une grande partie des forces du III Corps sud vietnamien qui protège la capitale. Puis 3 divisions motorisées, chars en tête, s’emparent de Loc Ninh sur la Route 13. Les Sud Vietnamiens se replient sur An Loc, 80km à peine au nord de Saigon. Un vent de panique souffle sur la ville. Mais la 5e division de l’ARVN retranchée sur place offre une résistance acharnée. Bientôt, An Loc est encerclé et les défenseurs ne tiennent plus que la partie sud de la citée. Les tirs de DCA sont si intenses que les hélicoptères ne peuvent plus s’y poser. Le périmètre tient désormais grâce à des parachutages.

Saigon ordonne une contre-attaque le long de la Route 13 afin de lever le siège. En plus des moyens du III Corps, une division est transférée du delta du Mékong pour l’opération. Celle-ci va durer plusieurs mois, les Nord Vietnamiens faisant preuve une nouvelle fois de leur aptitude à adapter leurs dispositifs défensifs en fonction du terrain très vallonnés, fait de jungles et de marécages, pour infliger des pertes sévères à l’ARVN. Les positions fortifiées s’étalent en profondeur, les môles de résistance sont reliés entre eux par des tranchées et des tunnels, couverts par des champs de mines et l’artillerie. Chaque assaut débouche sur un combat d’infanterie au corps à corps. Des empoignades identiques ont lieu à An Loc même où les forces régulières de l’ARVN sont efficacement soutenues par des miliciens qui défendent leurs foyers.

Après trois offensives majeures, les Nord Vietnamiens sont repoussés. Le siège de la ville est levé par la colonne de secours. An Loc démontre à Giap que l’ARVN peut-être une force combattante redoutable qui n’a rien à envier à ses rustiques Boi Doi.

Alors que les Sud Vietnamiens et leurs conseillers américains s’attendaient seulement à une offensive sur les hauts plateaux du centre du pays pour l’année 1972, ce théâtre des opérations est finalement le dernier à être touché par l’offensive Nguyen Hue de Giap. La région est du ressort du II Corps de l’ARVN. Son chef, le général Ngo Dzu est en fait sous la coupe de son conseiller américain, un personnage hors normes, John Paul Vann. Ce dernier avait quitté l’US Army près de dix ans auparavant au grade de lieutenant-colonel, en désaccord avec la politique suivie par Washington au Sud Vietnam. Il y dénonçait l’incompétence et la corruption du régime de Saigon et l’échec de la stratégie de contre-insurrection. Il retourne au Sud Vietnam cependant en tant qu’officier civil du Département d’État, en charge de la pacification et du développement rural. Aussi bien ses compétences que des appuis politiques lui permettent de se faire nommer comme le conseiller en chef du II Corps. Une décision qui fait grincer les dents chez les officiers américains. L’US Army a d’ailleurs dû modifier ses propres règlements pour nommer ainsi un civil à ce poste, d’autant que Vann insiste pour obtenir l’équivalent en grade d’un général trois étoiles, un rang au-dessus de tous les autres conseillers de corps d’armées ! Il arrive surtout à se faire muter auprès de lui le général Ngo Dzu, connu pour ses médiocres performances militaires. Il ne s’en cache d’ailleurs pas et se revendique comme étant le véritable commandant du II Corps. Le « général en civil » comme le surnomme la presse va être l’âme de la campagne à venir, avec son énergie, son courage physique, mais aussi ses limites au niveau tactique. En effet, sur ce plan, il fera preuve de peu d’initiatives, se contentant d’une stratégie défensive. Peut-être manque-il confiance dans ses unités sud vietnamiennes ?

Il concentre une division renforcée dans le nord des hauts plateaux et pendant plusieurs semaines se contente d’écraser sous des tapis de bombes de B-52 les 3 divisions nord vietnamiennes qui, pugnaces, investissent au fur et à mesure le camp retranché de Dak To II – Tan Canh. Elles creusent des tranchées, positionnent de l’artillerie sur les crêtes, ouvrent des routes pour les camions, et surtout poussent leurs blindés au plus près. L’assaut est finalement déclenché le 23 avril. Les attaques coordonnées de l’infanterie et des chars font tomber une à une les positions sud vietnamiennes dans la cuvette. En 24 heures, le camp retranché est conquis. C’est un nouveau désastre pour l’ARVN.

Vann se replie sur la ville de Kontum plus au sud. Un nouveau chef de corps d’armée moins conciliant lui est adjoint, le général Ly Tong Ba, un officier des blindés. Il élargit le périmètre de défense de la ville, en créant des bases d’appui-feu qui doivent ralentir les Nord Vietnamiens. Ceux-ci bientôt encerclent la ville mais comme à An Loc, l’ARVN se défend farouchement. Là encore, pont aérien et parachutages ravitaillent les assiégés. Les offensives communistes sont toutes repoussées, les Sud Vietnamiens faisant preuve d’une grande souplesse tactique, sachant céder du terrain pour y canaliser les Nord Vietnamiens, contre-attaquant avec des chars et l’appui de l’aviation.

Dans le reste du pays, dans la plaine du Binh Dinh, dans le delta du Mékong, les attaques de guérilla, les tirs de roquettes contre les centres urbains, sont plus fréquents mais demeurent limités. Au moment du cessez-le-feu en janvier 1973, les Nord Vietnamiens ont acquis des gains territoriaux conséquents mais près de 80% de la population sud vietnamienne demeure dans les zones contrôlées par Saigon. Surtout, l’ARVN ne s’est pas effondré sous les coups de boutoirs des chars de Giap. Les pertes de l’APVN ont été considérables, estimées à plus de 120 000 hommes et 500 chars.

Giap dont la position au sein du Comité Central est déjà affaiblie depuis le décès de son mentor, le Président Ho Chi Minh en 1969, doit céder le commandement de l’APVN à son adjoint, le général Van Tien Dung. Il conserve néanmoins le poste de ministre de la défense et surtout celui de Président de la toute puissante Commission Militaire du Comité Central.


Quel fut l’impact des tanks, ainsi que celui de la puissance aérienne, durant ces opérations ?

Les blindés sont apparus au Vietnam très tôt, dès 1919 lorsque des chars Renault FT-17 y sont déployés. Ils sont destinés à un rôle de police coloniale. Même si à priori le régime de moussons et le terrain de ce théâtre d’opération paraissent peu adaptés aux blindés, avec une partie du territoire recouverte de jungles, montagnes et marécages, près de la moitié est pourtant praticable par les chars toute l’année. Les véhicules à capacité amphibie apportent un surplus de mobilité comme dans la région du delta du Mékong. C’est ainsi que les forces françaises lors de la guerre d’Indochine vont mettre en œuvre un nombre conséquent de véhicules : 450 chars et près de 2 000 autres blindés vers la fin en 1954. Ils constituent l’armature des unités d’intervention, les fameux Groupements Mobiles, des régiments motorisés interarmes à la pointe du combat contre les réguliers de Giap. Les Américains qui prennent la relève, après une période de tâtonnements, vont aussi déployer leurs blindés qui vont offrir puissance de feu et mobilité à leur infanterie. Le VTT M113 va d’emblée s’imposer non seulement pour amener des troupes jusqu’à la zone de contact avec l’ennemi mais leur permettre de l’engager à bord même des véhicules dotés de mitrailleuses, mortiers et canons sans reculs. En 1969, l’US Army aligne 600 chars et plus de 2 000 M113 sur un tiers de la surface opérationnelle des Français. Mais c’est l’introduction en nombres de blindés de la part des communistes qui va changer la nature du conflit. Les chars utilisés jusqu’ici en appui de l’infanterie vont être utilisé dans un rôle de rupture des lignes de front dans le cadre d’opérations conventionnelles. Pour la première fois de la guerre, des combats de blindés importants, comme lors de l’enfoncement de la DMZ ou à Tan Canh, vont avoir lieu. Les Sud Vietnamiens surpris par la présence de chars ennemis vont se ressaisir. Leurs tankistes, souvent dotés de matériels inférieurs, comme le char léger M41 face au T-54 communiste, vont souvent avoir le dessus grâce à une plus grande expérience et à un entrainement rigoureux. Ils excellent dans les tirs longues distances enseignés par les Américains et sont souvent meilleurs tactiquement. Les Patton de l’ARVN vont ainsi porter un coup d’arrêt aux régiments blindés nord vietnamiens devant Quang Tri, en revendiquant plus de 80 chars ennemis. Côté Nord Vietnamien, la mise sur pied hâtive du corps blindé se fait cruellement ressentir. A l’exception de quelques opérations combinées réussies, les tankistes de l’APVN verront leurs efforts dilapidés dans de vaines attaques menées en ordre dispersé contre des centres urbains. La mauvaise coordination entre chars et infanterie sera la cause de lourdes pertes lorsque les blindés s’aventureront seuls dans les rues de An Loc ou de Kontum. Même s’ils ont déjà été déployés lors de la guerre des Six Jours en 1967, ce n’est que lors des combats au Vietnam en 1972 que les missiles antichars (TOW et AT-3 Sagger) vont être mis en œuvre de façon significative, un an avant la guerre du Kippour, quand ils feront la une des journaux.

L’appui aérien américain va jouer un rôle déterminant au fur et à mesure que Washington va renforcer ses unités aériennes déployées en Asie du Sud Est dès le déclenchement de l’offensive nord vietnamienne. Au début de celle-ci, et compte tenu du niveau des opérations alors en cours, les Américains ne disposaient plus que de 83 chasseur-bombardiers au Sud Vietnam. Mais au bout de quelques semaines, l’USAF va engager jusqu’à 400 Phantom, 54 F-111A et 72 A-7D ainsi que près de 200 B-52. L’USMC va elle déployer près de 150 Skyhawk, Phantom et Intruder. Quant à l’US Navy, elle va mettre en ligne jusqu’à six porte-avions avec plus de 400 appareils de combat. L’aviation légère de l’US Army est encore très présente avec près d’un millier d’hélicoptères.

La nouvelle campagne aérienne décidée par Nixon contre le Nord Vietnam, l’opération Linebacker, va surprendre les dirigeants communistes de par son ampleur et l’étendue des objectifs visés, dont beaucoup étaient classés « hors limites » pour les pilotes américains lors de la campagne précédente. Ainsi, les principaux ports sont tout de suite pris à partie, leurs accès minés. Les dépôts à l’intérieur des périmètres de Hanoi et Haipong sont impitoyablement bombardés. Les voies de communications sont systématiquement attaquées, les accès ferroviaires avec la Chine particulièrement visés. Une grande partie du système de défense anti-aérien nord vietnamien est détruit. Leur aviation (250 MiG-17/19/21) offre tout d’abord une résistance acharnée mais est forcée de se cantonner à des attaques ponctuelles en coordination avec les SAM.

Les Nord Vietnamiens vont apprendre au prix fort l’impact d’une campagne aérienne d’interdiction sur la logistique d’un corps de bataille moderne. Le minage des ports par l’aéronavale américaine va faire chuter de façon importante l’importation des matériels livrés par mer par les Soviétiques. Ils en sont réduits à décharger les cargos au large et acheminer à terre leurs cargaisons avec des barges et sampangs. L’introduction de nouvelles munitions guidées, comme les bombes GBU-10 à guidage laser, ouvre l’ère des « armes intelligentes » par l’aviation américaine. Déployées encore en petit nombre, elles furent essentiellement utilisées contre des objectifs à « haute valeur rajoutée » comme par exemple les ponts. Là où il fallait des douzaines de missions et d’appareils abattus, un seul raid suffisait pour abattre des ouvrages d’arts tel que le pont Doumer d’Hanoi ou encore celui de Thanh Hoa qui avait jusqu’alors résister à tous les assauts. A la fin de l’été, la plupart des unités nord vietnamiennes déployées au Sud se plaignent de ne plus recevoir qu’un tiers de leurs besoins en vivres, matériels et munitions.

Sur le champ de bataille même, la concentration de moyens conventionnels de l’ennemi permet pour la première fois depuis le début de la guerre aux aviateurs américains d’utiliser leurs matériels à la pleine mesure de leurs capacités. Les pilotes sud vietnamiens ne sont pas en reste et sont crédités des deux tiers des 500 chars communistes revendiqués par l’aviation alliée. L’US Army met aussi en œuvre avec succès quelques hélicoptères armés de missiles antichars (SS-11 et TOW) ; cette expérimentation accéléra les programmes d’acquisition d’hélicoptères anti-char pour le théâtre Centre Europe. La puissance de feu brute illustrée par les tapis de bombes larguées par les B-52 avait encore toute sa place. Engagés dans un rôle d’appui tactique, les bombardiers géants du Strategic Air Command placèrent leurs bombes à 500m des lignes amies et en plus d’une occasion, leurs frappes massives renversèrent le cours de la bataille. Par contre, engagés en masse en décembre 1972 au Nord Vietnam (opération Linebacker II), ils subirent de lourdes pertes.

Les unités de transport jouèrent un rôle considérable en soutenant les villes assiégées de Kontum et An Loc, soit par des posés d’assaut sous le feu ennemi, soit par des parachutages. Les pertes furent élevées, l’USAF perdit 5 C-130E et une quarantaine d’autres endommagés et la VNAF 2 C-123K, 1 C-119G et 10 CH-47A à An Loc. Les Sud Vietnamiens perdirent encore 5 Provider à Kontum. Pour se mettre hors de portée de la DCA nord vietnamienne, les Américains développèrent des techniques de parachutage à hautes altitudes qui à la fin donnèrent satisfaction. Indubitablement, l’aviation américaine a joué un rôle crucial dans l’échec de l’offensive communiste.


Pourriez-vous nous éclairer sur les leçons que tira l’armée populaire du Vietnam de son échec de 1972 et inversement, de l’impact de cette offensive sur l’armée de la république du Vietnam ?

Si au niveau tactique échec il y a, il reste à le relativiser. Certes, l’objectif principal qui est la destruction de l’armée sud vietnamienne, du moins de lui infliger des pertes telles qu’en tant qu’institution elle ne soit plus un outil militaire crédible, a échoué. Le programme de « vietnamisation » est même accéléré dans le cadre des opérations Enhance et Enhance Plus, des livraisons massives de matériels par les Américains en vue de compléter les stocks de l’ARVN avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. L’APVN s’est trompé dans ses prédictions et sous-estimé la combativité des soldats du Sud. Hanoi en tire les conclusions et devant la réalité du terrain ne fait plus de la démission du président sud vietnamien Nguyen Van Thieu un préalable à un accord de paix. Les efforts pour raviver le mouvement Viet Cong donne des résultats mitigés. Certes, les Sud Vietnamiens ont dû faire face à un regain d’attaques de guérilla et les zones sous contrôles communistes sont plus nombreuses que jamais depuis l’offensive du Tet de 1968. Dans ces zones « libérées », les Nord Vietnamiens réorganisent les unités Viet Cong en bataillons et régiments indépendants, leurs rangs étant corsetés par des troupes venues du Nord. Mais plus jamais les maquisards du Sud représenteront une menace vitale pour le régime de Saigon.
Sur le plan stratégique, il en est de toute autre chose pour Hanoi. Les termes des « accords de paix » obtenus à Genève lui sont plus que favorables car en gros ils reprennent les grandes lignes des propositions nord vietnamiennes. Contre la libération des prisonniers alliés, la situation militaire est gelée sur place au Sud. Les États Unis sont obligés de retirer leurs dernières forces et seule une petite mission militaire est autorisée à être présente pour superviser l’aide militaire à l’ARVN. Il est interdit à cette mission de prodiguer des conseils à l’État Major sud vietnamien. On reconnait de façon implicite à Hanoi le droit de maintenir ses troupes au Sud. Deux commissions sont mises en place pour appliquer les accords : une tripartite regroupant les représentants des gouvernements sud et nord vietnamiens ainsi que ceux du « gouvernement révolutionnaire provisoire » (GRP) du Viet Cong en charge d’élaborer un processus politique qui doit à terme aboutir à des élections si aucune des parties ne s’y oppose ; une quadripartite regroupant des délégations militaires nord et sud vietnamiennes, du Viet Cong et des USA pour régler les questions techniques. Des observateurs militaires neutres (Canadiens, Hongrois et Iraniens) sont censés faire respecter le cessez-le-feu. Il est évident qu’un tel dispositif fonctionnant sur le principe de l’unanimité est d’emblée voué à l’échec. Amer, les Sud Vietnamiens font remarquer qu’aucunes de leurs demandes n’ont été prises en compte ; retrait des Nord Vietnamiens du Sud ; reconnaissance de la DMZ comme frontière internationale séparant les deux Vietnam ; maintient d’un contingent américain conséquent comme en Corée afin de garantir le cessez-le-feu et à terme la survie du régime. Pour Saigon, Washington a décidé de se désengager complètement de la région maintenant que de nouvelles relations ont été établies avec Pékin.

Pour Hanoi, les accords de paix sont une grande victoire car ils signifient le retrait définitif des Américains du Sud. Le maintien des « zones libérées » préserve l’avenir. La campagne Nguyen Hue de 1972 valide le concept du Dau Tranh, ou « conflit total », qui dicte la stratégie des communistes vietnamiens depuis 1945, où les objectifs militaires sont subordonnés aux buts politiques, menés de front avec les efforts diplomatiques et de « conquête de l’opinion publique occidentale ». La victoire ne s’obtient pas seulement en recherchant à l’emporter au cours d’une campagne décisive mais sur une succession d’offensives combinée à des actions de guérilla. Cela implique une forte résilience et une capacité de mobilisation sur la durée pour un effort de guerre total. L’état nord vietnamien et son système de contrôles totalitaires a été en mesure de mobiliser sa population pour qu’elle en accepte les sacrifices face à la puissance de feu américaine. Surtout, il a su réaffirmer la légitimité de son combat présenté comme l’ultime croisade pour libérer tout le pays de la tutelle étrangère en mobilisant le patriotisme ardent des combattants de l’APVN.

C’est d’ailleurs dans cet état d’esprit que les Nord Vietnamiens préparent l’étape suivante de la guerre car sur le terrain le cessez-le-feu n’a jamais pu être appliqué. Ils doivent réorganiser et rééquiper leurs forces suite aux leçons apprises en 1972. La priorité est à la mise sur pied de grandes unités mécanisées avec l’accent mis sur une meilleure intégration interarmes. Cela va aboutir à la création de Corps d’Armées Stratégiques, de puissantes formations regroupant 3 divisions motorisées, 1 division de défense anti-aérienne, 1 brigade blindée, 1 brigade d’artillerie et 1 brigade du génie. L’encadrement de ces unités bénéficie d’une formation approfondie à la guerre mécanisée. Ce sont ces forces mobiles qui vont porter les coups de buttoirs ultimes pour abattre définitivement un Sud Vietnam complètement abandonné des Américains. Elles sont soutenues par des services logistiques renforcées qui achemine maintenant l’essence pour les chars par des réseaux de pipelines jusqu’à chaque théâtre d’opérations au Sud. Comme va le démontrer la campagne de 1975 les généraux nord vietnamiens vont faire énormément de progrès au niveau tactique, sachant s’adapter aux développements inattendus du champ de bataille. D’autant plus que la nouvelle doctrine mise en place encourage leurs initiatives alors que jusqu’à présent ils avaient tendance à s’en tenir de façon rigide aux plans initiaux. Ce nouvel art opératif atteindra son summum lors de la campagne éclair de 1979 contre les Khmer Rouges au Cambodge.

Alors que les Nord Vietnamiens analysent et remédient à leurs échecs tactiques, l’ARVN a beaucoup plus de mal à s’adapter à la nouvelle forme de guerre mécanisée qui lui est désormais imposée. Le manque de mobilité au niveau stratégique de ses forces demeure toujours sa principale faiblesse. C’est le manque de coopération entre les différents corps d’armées et zones militaires qui en sont les causes. Des déficiences profondément ancrées dans le système politique même du régime de Saigon car chacun des quatre commandants de corps d’armées répondent directement en personne au Président Thieu. C’est lui qui les nomme en échange de leur soutien. Chaque commandant de corps continue de se comporter en véritable chef de fief, jaloux de ses prérogatives. Même si Thieu a été forcé par les évènements de nommer à ces postes des officiers compétents mais dont il doute de leur loyauté, cela n’a pas suffi à changer les structures et les méthodes opérationnelles de l’ARVN. Plus Thieu se sentira contesté, plus il prendra seul les décisions militaires avec un cercle restreint de courtisans. Il n’y a pas malheureusement au sommet de l’ARVN un commandement compétent capable de penser, planifier et coordonner une campagne au niveau national.

Au niveau tactique, les Sud Vietnamiens se contentent de leur relative supériorité en termes de manœuvres et dans les opérations blindées. Mais cet avantage tend rapidement à disparaitre. On continue de monter de grandes opérations héliportées dans un environnement de plus en plus difficile à cause de la montée en puissance de la DCA ennemie. Le seul atout des Sud Vietnamiens, leur aviation, est de plus mal utilisé. Alors que la VNAF est devenue un outil moderne et bien entrainé, Thieu décide de lui retirer son autonomie, craignant un coup d’état de la part des aviateurs. Les escadrons sont désormais placés sous la coupe directe de chaque commandant de corps d’armées. Qui chacun veille jalousement sur « son aviation » et rechigne à affecter ses moyens à un autre secteur menacé. On ne refonde pas non plus les structures de l’armée de terre. Les forces régionales continuent d’occuper plus de la moitié du total des effectifs, assignées aux tâches de pacification alors que la menace Viet Cong est moins importante. Mais là encore, les contingences politiques font que Thieu ne peut dissoudre une partie de ces unités sans mettre à mal les soutiens locaux dont il dispose. Par conséquent, les effectifs qui pourraient être dégagés pour constituer de nouvelles divisions mobiles ne sont pas disponibles. Conscient du problème, l’état-major de l’ARVN a tenté en vain de mettre sur pied une deuxième division de Marines et de regrouper une partie des groupes de Rangers en une autre. La réduction drastique de l’aide militaire américaine à partir de fin 1973 met fin à toute tentative de réorganisations. Les Sud Vietnamiens affronteront la nouvelle offensive de l’APVN début 1975 avec sensiblement la même organisation que celle qu’ils avaient trois ans auparavant. Avec une puissance de feu moindre sans le soutien aérien américain.

Vos deux volumes présentent une perspective largement vietnamienne de l’offensive de la Pâques 1972, alors que nous sommes plutôt habitués à voir celle-ci sous un prisme plutôt américain. A ce titre, pourriez-vous nous préciser sur quelles sources vous vous êtes appuyé afin de proposer cet éclairage à notre connaissance inédit de l’histoire militaire vietnamienne ?

En effet, pendant longtemps l’historiographie sur la guerre du Vietnam était abordée sous ce prisme. Cela peut en partie s’expliquer par les difficultés d’accès aux sources vietnamiennes communistes. D’un autre côté on ne peut que s’étonner du peu de travaux sur le Sud Vietnam de la part d’historiens américains qui ont pourtant à leur disposition une ample documentation aux États Unis. Il est vrai que la plus grande partie des archives du défunt état sud vietnamien a été perdue ou bien mis sous séquestre au Vietnam même. Un état de fait dû surtout au manque d’intérêts envers un allié que l’opinion publique américaine rend en grande partie responsable de la défaite.
Néanmoins depuis une quinzaine d’années la situation tend à évoluer, en partie grâce à l’ouverture progressive du Vietnam. Nonobstant la difficulté d’accéder aux archives et l’obstacle de la langue, des universitaires tels que Nguyen The Anh, historien sud vietnamien réfugié en France, chercheur à l’École Pratique des Hautes études à Paris, Christopher Goscha de l’université du Québec, ou encore François Guillemot chercheur au CNRS – Institut d’Asie Orientale de Lyon, ont entamé un travail de défrichages très importants, questionnant les points de vue vietnamiens. Ces recherches s’inscrivent d’ailleurs dans le mouvement « d’histoire globale » qui tend justement à enrichir une historiographie par trop occidentalo-centré. Le conflit vietnamien y est aussi étudié à travers les regards d’autres acteurs ; russes, chinois, pays d’Europe de l’Est. Le Cold War History International Project initié par le Woodrow Wilson International Center, un Think Tank de Washington, en est un des principaux promoteurs, mettant en contact différentes universités et chercheurs travaillant sur les archives de leurs pays respectifs portant sur la période de la Guerre Froide.

Alors que les études sur la société, la sociologie, l’économie, les relations internationales des deux Vietnam se multiplient, il y a encore peu de travaux sur l’histoire militaire abordée sous cet angle. Les tous premiers remontent pourtant aux années 1980 avec la série de monographies éditée par les services historiques de l’US Army, rédigés par d’anciens officiers supérieurs sud vietnamiens réfugiés aux États-Unis sur différents aspects de l’ARVN. Ils restent encore d’actualité, les données étant puisées au sein des archives militaires américaines. Puis s’en est suivi près de deux décennies sans autres études alors que de nouvelles archives étaient déclassifiées. Ken Conboy fut un des premiers à renouveler le genre en exploitant les publications de l’APVN. Le Hongrois Istvan Toperczer est un des premiers à aborder la guerre aérienne du point de vue nord vietnamien. George J Veith a réalisé un remarquable travail sur la fin du Sud Vietnam, en exploitant aussi bien les sources communistes qu’en recueillant de nombreux témoignages d’anciens officiers sud vietnamiens exilés. Je suis heureux de m’inscrire dans cette mouvance, surtout à propos de l’offensive de Pâques de 1972 où pratiquement rien n’avait été abordé du côté vietnamien.

D’un point de vue méthodologique, je voudrais néanmoins rappeler les limites en l’état actuel de ce type de recherche. Tout d’abord, sur le point de vue vietnamien communiste, on a pratiquement à faire qu’à des sources secondaires, des publications locales, livres ou articles. Il est extrêmement rare de pouvoir accéder directement aux documents originaux pour un chercheur étranger. Les autorisations sont délivrées parcimonieusement et leurs révocations sans motifs compréhensibles nombreuses. Ces atermoiements reflètent l’extrême sensibilité que le régime vietnamien actuel accorde à une version historique officielle du passé où histoire, commémorations et devoir de mémoire s’articulent pour offrir une vision héroïsée du passé qui confine à la propagande.

Lorsque je suis revenu au Vietnam, que j’avais quitté enfant 20 ans plus tôt après la chute de Saigon, j’ai découvert que la période de la guerre était abondamment couverte par de nombreuses publications. Et de devoir faire le tri entre les publications de propagande destinées au grand public et des travaux plus scientifiques mais où l’approche idéologique n’est jamais absente. Et aussi de s’apercevoir qu’il y a dans les faits différents degrés d’autorisation d’accès à ces publications. Par exemple, on trouvera aisément une histoire officielle du parti communiste vietnamien dans la plupart des librairies, régulièrement révisée pour être en conformité avec la ligne politique du jour. A cette version s’ajoute une autre beaucoup plus détaillée et moins « édulcorée » destinée à des cercles restreints de responsables du parti. La principale institution en charge de l’histoire militaire est l’Institut d’Histoire Militaire (Vien Lich Su Quan Su) d’Hanoi qui publie de nombreux ouvrages dont certains sont traduits en plusieurs langues par les Éditions Langues Étrangères (The Gio). Pratiquement chaque phase des différents conflits depuis 1945, chaque campagne, y sont couverts en détail. Chaque armée ou branche spécifique de l’APVN a aussi son historique. L’institut diffuse aussi la Revue d’Histoire Militaire (Tap Chi Lich Su Quan Su). Ses travaux sont aussi régulièrement repris dans des articles du quotidien de l’APVN. Très documentés, ces ouvrages donnent le point de vue nord vietnamien sur la guerre. Néanmoins, ils ont tendance à célébrer les victoires et à minorer si ce n’est ignorer complètement les revers. Autre difficulté, ils ne fournissent que très peu de données chiffrées en ce qui concerne les pertes subies par les troupes communistes. Celles infligées à l’ennemi sont parfois revendiquées de façon exagérée.

Il faut donc s’en remettre à d’autres publications à diffusion plus restreinte. Ainsi, les départements politiques des différentes branches des forces armées publient régulièrement des historiques de leurs unités, lors de diverses commémorations. On y trouve des informations plus détaillées sur l’état des effectifs, des matériels, les pertes. Une autre source intéressante : les nombreux musées militaires ou révolutionnaires qui parsèment le pays. Tout d’abord, le principal d’entre eux, le musée militaire d’Hanoi qui aussi un centre d’archivages important, y compris d’archives photographiques. Il réactualise régulièrement ses expositions et collections et à travers elles, le chercheur peut y glaner d’utiles précisions. Les musés provinciaux éclairent utilement certains aspects des engagements locaux. Chaque branche technique possède aussi son musée : commandement des blindés, du génie, de l’artillerie, de la défense anti-aérienne, marine, armée de l’air.

La recherche côté sud vietnamien est rendue plus difficile par le peu de sources disponibles et accessibles. Des études publiées par l’état-major sud vietnamien, y compris sur l’offensive de 1972, sont disponibles en très petit nombre et dispersés parmi la diaspora vietnamienne, principalement en France et aux États Unis. De même que des archives sauvegardées par quelques personnalités ou officiers du régime de Saigon. Depuis quelques années, des anciens de l’ARVN en exil se sont regroupés en amicales et associations, souvent en fonction de leur année de promotion, ou encore d’appartenance à une unité ou une école militaire spécifique. Certains publient leurs mémoires ou des études historiques à travers d’ouvrages ou d’articles, généralement en vietnamien, parfois en Anglais. Le développement d’Internet a aussi vu la création de sites consacrés aux forces armées sud vietnamiennes animés par des anciens officiers. Reste un travail de recueil de témoignages auprès d’eux. Mais ce travail d’histoire orale a aussi ses limites propres à l’exercice. Les mémoires plus aussi fidèles le temps passant, des souvenirs subjectifs, nourris par les représentations sociales et historiques des évènements passés. Néanmoins, ils contribuent à porter un témoignage par trop négligé dans l’historiographie de la guerre.


1 commentaire:

  1. Bonjour, et merci pour ce développement très instructif ! Je suis moi même très intéressé par cette période finalement méconnue de la guerre du Vietnam.
    L'analyse du comportement de l'ARVN est détaillée, tout comme la préparation nord vietnamienne : le rôle des grandes puissances de l'époque en dit long sur les enjeux d'alors.....
    Un des derniers actes de guerre pour la réunification de e que mon Grand Père, ancien d'Indo, appelait "les 3 Ki".....

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