jeudi 1 septembre 2016

Madrid 1936, tombeau du fascisme ?

Dans la dernière semaine d’octobre 1936 la majorité des journalistes et des observateurs présents en Espagne estime que la prise de Madrid par les forces nationalistes est une question de jours, voire de semaines et qu’aucun miracle ne pourrait venir sauver la capitale de l’Espagne républicaine. Depuis trois mois, en effet, les forces loyalistes n’ont pas connu un seul succès en rase campagne contre les troupes nationalistes à l’exception du coup d’arrêt porté dans la Sierra de Guaderrama aux troupes de Mola venant du nord. Mais le danger principal vient du sud où la rapidité de la progression de l’armée commandée par Franco laisse croire à une fin rapide de la guerre civile en faveur des rebelles.

Le camp républicain doute et nombreux sont ceux qui en son sein pensent que Madrid ne pourra être conservé. La décision du gouvernement de quitter la capitale laisse penser que cette opinion est aussi partagée à la tête de l’État. Les nationalistes sont quant à eux optimistes et ils estiment qu’ils défileront bientôt au cœur de la capitale. Certains de leur victoire prochaine, ils désignent déjà les nouvelles autorités qu’ils vont installer à Madrid, préparent des orchestres, instaurent huit conseils de guerre et font venir de Navarre des autels portatifs pour célébrer les premières messes dans la ville libérée. Ils attendent beaucoup de la prise de capitale, notamment le statut de puissance belligérante et une reconnaissance internationale mais surtout la fin de la guerre à leur avantage.

Mais Madrid, en novembre 1936, va être le témoin d’un épisode militaire inattendu. Démentant les pronostics les plus avertis, la ville va résister militairement aux rebelles et les frustrer d’une victoire qu’ils pensaient déjà acquise. La capitale espagnole devient alors le symbole de la résistance au fascisme tandis que l’échec nationaliste change le cours du conflit pour le transformer en une véritable guerre civile, une guerre longue. C’est là également que se forge une nouvelle armée, que naît le mythe puissant des Brigades internationales et que meurent les certitudes et les mauvais jugements sur la nature du conflit espagnol.

Comment néanmoins expliquer la résistance de la capitale espagnole alors que la situation semblait perdue ? La réponse est multiple et la défense de Madrid peut être analysés sous divers angles mais sans jamais oublier la portée de cet événement.

David FRANCOIS