L’armée
italienne a été, jusqu’à relativement récemment, l’une des grandes négligées de
l’historiographie de la Seconde Guerre mondiale, notamment parce que les
travaux des historiens italiens ont été peu traduits dans le monde anglo-saxon
et francophone. De ce fait, les clichés issus des perspectives allemandes et
britanniques – où il n’est question que de matériels désuets, d’un corps des
officiers globalement incompétent, de troupes peu combatives, bref, d’un outil
militaire en faillite - sur les forces armées italiennes ont eu une vie
particulièrement longue. Pourtant, ces préconceptions ont été remises en
question au cours des dernières décennies par diverses publications en dehors
de la péninsule italienne, et ces dernières révèlent une réalité évidemment
plus nuancée. Dès lors, il nous a paru intéressant d’exploiter certaines
d’entre elles afin de mettre en perspective la genèse d’un blindé souvent
présenté comme une véritable incarnation de l’impéritie militaire
italienne ; le CV-33/35. En effet, si l’histoire de ce véhicule révèle en
creux les limites évidentes de l’armée italienne, il souligne aussi les
profonds bouleversements doctrinaux qui traversaient le Regio Esercito – bien
loin des préconceptions portant sur un corps des officiers dont la pensée
serait restée figée dans les pires pratiques de la Première guerre mondiale et
convaincu qu’une guerre se gagnait avant tout avec des hommes et des
mules.
Adrien
Fontanellaz